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ACTE III, SCÈNE V. 539

Pour un fils téméraire et coupable envers vous, Qui, de ses vœux hardis écoutant l’imprudence, Craint, même en vous servant, de vous faire une offense.

SÉMIRAMIS.

Vous, m’offenser ? qui, vous ? ah ! ne le craignez pas.

ARZACE.

Vous donnez votre main, vous donnez vos États. Sur ces grands intérêts, sur ce choix que vous faites. Mon cœur doit renfermer ses plaintes indiscrètes : Je dois dans le silence, et le front prosterné. Attendre avec cent rois qu’un roi nous soit donné. Mais d’Assur hautement le triomphe s’apprête ; D’un pas audacieux il marche à sa conquête ; Le peuple nomme Assur ; il est de votre sang : Puisse-t-il mériter et son nom et son rang ! Mais enfin je me sens l’âme trop élevée Pour adorer ici la main que j’ai bravée, Pour me voir écrasé de son orgueil jaloux. Souffrez que loin de lui, malgré moi loin de vous, Je retourne aux climats où je vous ai servie. J’y suis assez puissant contre sa tyrannie, Si des bienfaits nouveaux dont j’ose me flatter...

SÉMIRAMIS.

Ah ! que m’avez-vous dit ? vous, fuir ! vous, me quitter ! Vous pourriez craindre Assur ?

ARZACE.

Non : ce cœur téméraire Craint dans le monde entier votre seule colère. Peut-être avez-vous su mes désirs orgueilleux : Votre indignation peut confondre mes vœux. Je tremble.

SÉMIRAMIS.

Espérez tout ; je vous ferai connaître Qu’Assur en aucun temps ne sera votre maître.

ARZACE.

Eh bien ! je l’avouerai, mes yeux avec horreur De votre époux en lui verraient le successeur. Mais s’il ne peut prétendre à ce grand hyménéc, Verra-t-on à ses lois Azéma destinée ? Pardonnez à l’excès de ma présomption ; Ne redoutez-vous point sa sourde ambition ? Jadis à Ninias Azéma fut unie ;