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ACTE III, SCÈNE ï. 535

Que je vous dois trencens, 6 puissance céleste. Qui, me forçant de prendre un joug jadis funeste, Me préparez au nœud que j’avais abhorré, En m’embrasant d’un feu par vous-même inspiré !

OTANE.

Mais vous avez prévu la douleur et la rage Dont va frémir Assur à ce nouvel outrage ; Car enfin il se flatte, et la commune voix A fait tomber sur lui Thonneur de votre choix : Il ne bornera pas son dépit à se plaindre.

SÉMIRAMIS

Je ne Tai point trompé, je ne veux pas le craindre. J’ai su quinze ans entiers, quel que fût son projet, Le tenir dans le rang de mon premier sujet : A son ambition, pour moi toujours suspecte. Je prescrivis quinze ans les bornes qu’il respecte. Je régnais seule alors : et si ma faible main Mit à ses vœux hardis ce redoutable frein, Que pourront désormais sa brigue et son audace Contre Sémiramis unie avec Arzace ? Oui, je crois que Ninus, content de mes remords, Pour presser cet hymen quitte le sein des morts. Sa grande ombre en effet, déjà trop offensée. Contre Sémiramis serait trop courroucée ; Elle verrait donner, avec trop de douleur. Sa couronne et son lit à son empoisonneur. Du sein de son tombeau voilà ce qui l’appelle ; Les oracles d’Ammon s’accordent avec elle ; La vertu d’Oroès ne me fait plus trembler ; Pour entendre mes lois je l’ai fait appeler ; Je l’attends.

OTANE.

Son. crédit, son sacré caractère. Peut appuyer le choix que vous prétendez faire.

SÉMIRAMIS.

Sa voix achèvera de rassurer mon cœur.

OTANE.

Il vient.