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532 SÉMIRAMIS.

Croyez-moi, les remords, à vos yeux méprisables, Sont la seule vertu qui reste à des coupables *. Je vous parais timide et faible ; désormais Connaissez la faiblesse, elle est dans les forfaits. Cette crainte n’est pas honteuse au diadème ; Elle convient aux rois, et surtout à vous-même : Et je vous apprendrai qu’on peut, sans s’avilir. S’abaisser sous les dieux, les craindre, et les servir.

SCENE VIII.

ASSUR.

Quels discours étonnants ! quels projets ! quel langage ! Est-ce crainte, artifice, ou faiblesse, ou courage ? Prétend-elle, en cédant, raffermir ses destins ? Et s’unit-elle à moi pour tromper mes desseins ? A l’hymen d’Azéma je ne dois point prétendre ! C’est m’assurer du sien, que je dois seul attendre. Ce que n’ont pu mes soins et nos communs forfaits, L’hommage dont jadis je flattai ses attraits. Mes brigues, mon dépit, la crainte de sa chute, Un oracle d’Égypte, un songe l’exécute ! Quel pouvoir inconnu gouverne les humains ! Que de faibles ressorts font d’illustres destins ! Doutons encor de tout, voyons encpr la reine. Sa résolution me paraît trop soudaine ; Trop de soins à mes yeux paraissent l’occuper : Et qui change aisément est faible, ou veut tromper.

1. Ducis a imité ces vers dans HamUt :

Seul bien dos criminels, le repentir nous reste.

Dans le Nouveau Magasin français, par M** L. P. Ce Prince) de Beaumont, seconde édition, t. P’, page 50, il y a des réflexions sur ces vers de Voltaire : Croyezmoi, les remordsy etc. : « On ne trouve point la pensée de M. de Voltaire fausse absolument, quoiqu’il soit vrai que son expression le soit si Ton pèse les termes à la rigueur, n (B.)

FIN DU DEUXIÈME ACTE.