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5M SËMIRAMIS.

SÉMIRAMIS.

La cendre de Ninus repose en cette enceinte, Et TOUS me demandez le sujet de ma crainte ! Vous !

ASSUR.

Je vous avouerai que je suis indigné Qu’on se souvienne encor si Ninus a régné. Craint-on après quinze ans ses mânes en colère ? Ils se seraient vengés, s’ils avaient pu le faire. D’un éternel oubli ne tirez point les morts. Je suis épouvanté, mais c’est de vos remords. Ah 1 ne consultez point d’oracles inutiles : C’est par la fermeté qu’on rend les dieux faciles *. Ce fantôme inouï qui parait en ce jour, Qui naquit de la crainte, et l’enfante à son tour, Peut-il vous effrayer par tous ses vains prestiges ? Pour qui ne les craint point il n’est point de prodiges ; Ils sont l’appât grossier des peuples ignorants. L’invention du fourbe, et le mépris des grands. Mais si quelque intérêt plus noble et plus solide Éclaire votre esprit qu’un vain trouble intimide, S’il vous faut de Bélus éterniser le sang, iSi la jeune Azéma prétend à ce haut rang...

SÉMIRAMIS.

Je viens vous en parler. Ammon et Babylone Demandent sans détour un héritier du trône. Il faut que de mon sceptre on partage le faix ; Et le peuple et les dieux vont être satisfaits. Vous le savez assez, mon superbe courage S’était fait une loi de régner sans partage :

1. Il y avait d*abord :

Ah I DO TOUS formez plus de craintes inatilék, C’est par la fermeté qu’on rond les dieux faciles.

Crébillon voulait qu^on retranchât ces vers. Voltaire écrivit à M. Berrier, lieutenant de police : « Je vous prie de vouloir bien permettre qu*on récite quelques vers que M. de Crébillon a retranchés, et qui sont absolument nécessaires. Je vous en fais Juge. Si le personnage chargé de ces vers ne les débite pas, Sémirâmis, qui lui réplique, ne répond plus convenablement, et ce disparate gâte un endroit essentiel à l’ouvrage. Vous trouverez ci-joint les vers en question ; Je vous prie de me les renvoyer approuvés de votre main, afin que l’acteur puisse les réciter. Je vous demande bien pardon de ces bagatelles, mais vous entrez dans les petites choses comme dans les grandes. » Voltaire obtint la réintégration des deux vers.