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ACTE II, SCÈNE Vil. 589

SCENE VL

ASSUR, CÉDAR.

ASSUR.

Eh ! d’où peut donc venir ce changement extrême ? Depuis près de trois mois je lui semble odieux ; Mon aspect importun lui fait baisser les yeux ; Toujours quelque témoin nous voit et nous écoute ; De nos froids entretiens, qui lui pèsent sans doute, Ses soudaines frayeurs interrompent le cours ; Son silence souvent répond à mes discours. Que veut-elle me dire ? ou que veut-elle apprendre ? Elle avance vers nous ; c’est elle. Va m’attendre.

SCENE VIL

SÉMIRAMIS, ASSUR.

SÉMIRAMIS.

Seigneur, il faut enfin que je vous ouvre un cœur

Qui longtemps devant vous dévora sa douleur.

J’ai gouverné TAsie, et peut-être avec gloire ;

Peut-être Babylone, honorant ma mémoire.

Mettra Sémiramis à côté des grands rois.

Vos mains de mon empire ont soutenu le poids.

Partout victorieuse, absolue, adorée.

De l’encens des humains je vivais enivrée ;

Tranquille, j’oubliai, sans crainte et sans ennuis.

Quel degré m’éleva dans ce rang où je suis.

Des dieux, dans mon bonheur, j’oubliai la justice ;

Elle parle, je cède : et ce grand édifice,

Que je crus à l’abri des outrages du temps,

Veut être raffermi jusqu’en ses fondements.

ASSUR.

Madame, c’est à vous d’achever votre ouvrage. De commander au temps, de prévoir son outrage. Qui pourrait obscurcir des jours si glorieux ? Quand la terre obéit, que craignez-vous des dieux ? THEATRE, m. 34