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5^8 SËMTRAMIS.

De Babylone au moins j’ai fait parler la voix :

Sémiramis enfin va céder une fois.

Ce premier coup porté, sa ruine est certaine.

Me donner Âzéma, c’est cesser d’être reine ;

Oser me refuser soulève ses États ;

Et de tous les côtés le piège est sous ses pas.

Mais peut-être, après tout, quand je crois la surprendre,

J’ai lassé ma fortune à force de l’attendre.

CÉDAR.

Si la reine vous cède, et nomme un héritier,

Assur de son destin peut-il se défier ?

De vous et d’Azéma l’union désirée

Rejoindra de nos rois ia tige séparée.

Tout vous porte à l’empire, et tout parle pour vous.

ASSUR.

Pour Azéma sans doute il n’est point d’autre époux.

Mais pourquoi de si loin faire venir Arzace ?

Elle a favorisé son insolente audace.

Tout prêt à le punir, je me vois retenu

Par cette même main dont il est soutenu.

Prince, mais sans sujets, ministre, et sans puissance.

Environné d’honneurs, et dans la dépendance.

Tout m’afflige : une amante, un jeune audacieux.

Des prêtres consultés, qui font parler leurs dieux,

Sémiramis enfin toujours en défiance,

Qui me ménage à peine et qui craint ma présence !

Nous verrons si l’ingrate avec impunité

Ose pousser à bout un complice irrité.

(Il veut sortir.)

SCENE V.

ASSUR, OTANE, CÉDAR.

OTANE.

Seigneur, Sémiramis vous ordonne d’attendre ; Elle veut en secret vous voir et vous entendre. Et de cet entretien qu’aucun ne soit témoin.

ASSUR.

A ses ordres sacrés j’obéis avec soin, Otane, et j’attendrai sa volonté suprême.