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ACTE II, SCÈNE IV. 527

Quand sa puissante main la ferma sous mes pas. C’est en vain que, flattant l’orgueil de ses appas, Pavais cru chaque jour prendre sur sa jeunesse Cet heureux ascendant que les soins, la souplesse. L’attention, le temps, savent si bien donner Sur un cœur sans dessein, facile à gouverner. Je connus mal cette âme inflexible et profonde ; Rien ne la put toucher que l’empire du monde. Elle en parut trop digne, il le faut avouer : Je suis dans mes fureurs contraint à la louer. Je la vis retenir dans ses mains assurées De l’État chancelant les rênes égarées, Apaiser le murmure, étouffer les complots, Gouverner en monarque, et combattre en héros’. Je la vis captiver et le peuple et l’armée. Ce grand art d’imposer, même à la renommée, Fut l’art qui sous son joug enchaîna les esprits : L’univers à ses pieds demeure encor surpris. Que dis-je ? sa beauté, ce flatteur avantage. Fit adorer les lois qu’imposa son courage ; Et quand dans mon dépit j’ai voulu conspirer, Mes amis consternés n’ont su que l’admirer.

CÉDAR.

Ce charme se dissipe, et ce pouvoir chancelle ; Son génie égaré semble s’éloigner d’elle. Un vain remords la trouble ; et sa crédulité A depuis quelque temps en secret consulté Ces oracles menteurs d’un temple méprisable, Que les fourbes d’Égypte ont rendu vénérable. Son encens et ses vœux fatiguent les autels ; Elle devient semblable au reste des mortels * : Elle a connu la crainte.

ASSUR.

Accablons sa faiblesse. Je ne puis m’élever qu’au tant qu’elle s’abaisse.

1. Ce yen et tout ce portrait furent appliqués plus tard à Catherine II, que Voltaire baptisa du nom même de Sémiramis du Nord, Comme Sémiramis, en effet, Catherine fut l’assassin de son mari. (G. A.)

2. Mathan dit, en parlant d’Athalie :

La peur d’un vain remords trouble cette grande âme ; Bllo flotte^ elle hésite, en un mot elle est femme.