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524 SËMIRÀMIS.

Vos intérêts présents, le soin de l’avenir,

Le besoin de l’État, tout semble vous unir.

Moi, contre tant de droits, qu’il me faut reconnaître.

J’ose en opposer un qui les vaut tous peut-être :

J*aime ; et j’ajouterais, seigneur, que mon secours

A vengé ses malheurs, st défendu ses jours,

A soutenu ce trône où son destin l’appelle.

Si j’osais, comme vous, me vanter devant elle.

Je vais remplir son ordre à mon zèle commis ;

Je n’en reçois que d’elle et de Sémiramis.

L’État peut quelque jour être en votre puissance ;

Le ciel donne souvent des rois dans sa vengeance :

Mais il vous trompe au moins dans l’un de vos projets.

Si vous comptez Arzace au rang de vos sujets.

ASSUR.

Tu combles la mesure, et tu cours à ta perte.

SCENE IIL

ASSUR, AZÉMA.

ASSUR.

Madame, son audace est trop longtemps soufferte. Mais puis-je en liberté m’expliquer avec vous Sur un sujet plus noble et plus digne de nous ?

AZÉMA.

En est- il ? mais parlez.

ASSUR.

Bientôt l’Asie entière Sous vos pas et les miens ouvre une autre carrière Les faibles intérêts doivent peu nous frapper ; L’univers nous appelle, et va nous occuper. Sémiramis n’est plus que l’ombre d’elle-même ; Le ciel semble abaisser cette grandeur suprême : Cet astre si brillant, si longtemps respecté. Penche vers son déclin, sans force et sans clarté. On le voit, on murmure, et déjà Babylone Demande à haute voix un héritier du trône. Ce mot en dit assez ; vous connaissez mes droits : Ce n’est point à l’amour à nous donner des rois.