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>i2 SÉMIRAMIS.

Qui révoltent Assur, et que vous approuvez.

Un prêtre de l’Égypte approche au moment même,

Des oracles d’Ammon portant Tordre suprême.

Elle ouvre le billet d’une tremblante main,

Fixe les yeux sur moi, les détourne soudain,

Laisse couler des pleurs, interdite, éperdue,

Me regarde, soupire, et s’échappe à ma vue.

On dit qu’au désespoir son grand cœur est réduit,

Que la terreur l’accable, et qu’un dieu la poursuit.

Je m’attendris sur elle ; et je ne puis comprendre

Qu’après plus de quinze ans, soigneux de la défendre.

Le ciel la persécute, et paraisse outragé.

Qu’a-t-elle fait aux dieux ? d’où vient qu’ils ont changé ?

AZÉMA.

On ne parle en effet que d’augures funestes. De mAnes en courroux, de vengeances célestes. Sémiramis troublée a semblé quelques jours Des soins de son empire abandonner le cours ; Et j’ai tremblé qu’Assur, en ces joufs de tristesse. Du palais effrayé n’accablât la faiblesse. Mais la reine a paru, tout s’est calmé soudain ; Tout a senti le poids du pouvoir souverain. Si déjà de la cour mes yeux ont quelque usage, La reine hait Assur, l’observe, le ménage : Ils se craignent l’un l’autre ; et, tout prêts d’éclater. Quelque intérêt secret semble les arrêter. J’ai vu Sémiramis à son nom courroucée ; La rougeur de son front trahissait sa pensée ; Son cœur paraissait plein d’un long ressentiment : Mais souvent à la cour tout change en un moment. Retournez, et parlez.

ARZACE.

J’obéis ; mais j’ignore Si je puis à son trône être introduit encore.

AZÉMA.

Ma voix secondera mes vœux et votre espoir ;

Je fais de vous aimer ma gloire et mon devoir.

Que de Sémiramis on adore l’empire.

Que rOrient vaincu la respecte et l’admire,

Dans mon triomphe heureux j’envierai peu les siens.

Le monde est à ses pieds, mais Arzace est aux miens.

Allez. Assur parait.