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ACTE DEUXIÈME SCÈNE I.

ARZÀGE, AZÉMÀ.

AZÉMA.

Arzace, écoutez-moi ; cet empire indompté

Vous doit son nouveau lustre, et moi, ma liberté.

Quand les Scythes vaincus, réparant leurs défaites,

S’élancèrent sur nous de leurs vastes retraites,

Quand mon père en tombant me laissa dans leurs fers.

Vous seul, portant la foudre au fond de leurs déserts.

Brisâtes mes liens, remplîtes ma vengeance.

Je vous dois tout ; mon cœur en est la récompense :

Je ne serai qu’à vous. Mais notre amour nous perd.

Votre cœur généreux, trop simple et trop ouvert,

A cru qu’en cette cour, ainsi qu’en votre armée.

Suivi de vos exploits et de la renommée.

Vous pouviez déployer, sincère impunément,

La fierté d’un héros et le cœur d’un amant.

Vous outragez Assur, vous devez le connaître ;

Vous ne pouvez le perdre, il menace, il est maître ;

Il abuse en ces lieux de son pouvoir fatal ;

Il est inexorable... il est votre rival.

ARZACE.

Il vous aime I qui ? lui I

AZÉMA.

Ce cœur sombre et farouche. Qui hait toute vertu, qu’aucun charme ne touche. Ambitieux, esclave, et tyran tour à tour. S’est-il flatté de plaire, et connaît-il l’amour ? Des rois assyriens comme lui descendue. Et plus près de ce trône, où je suis attendue.