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ACTE I, SCÈNE VI. 519

Ma peur m’a fait rougir. J’ai craint de consulter Ce mage révéré que chérit Babylone, D’avilir devant lui la majesté du trône, De montrer une fois, en présence du ciel, Sémiramis tremblante aux regards d’un mortel. Mais j’ai fait en secret, moins flère ou plus hardie, Consulter Jupiter aux sables de Libye ; Comme si, loin de nous, le dieu de l’univers * N’eût mis la vérité qu’au fond de ces déserts ; Le dieu qui s’est caché dans cette sombre enceinte A reçu dès longtemps mon hommage et ma crainte ; J’ai comblé ses autels et de dons et d’encens. Répare-t-on le crime, hélas ! par des présents ? De Memphis aujourd’hui j’attends une réponse.

SCÈNE VI.

SÉMIRAMIS, OTANE, MITRANE.

MITRÂNE.

Aux portes du palais en secret on annonce Ln prêtre de l’Égypte arrivé de Memphis.

SÉMIRAMIS.

Je verrai donc mes maux ou comblés ou finis ! Allons ; cachons surtout au feste de l’empire Le trouble humiliant dont l’horreur me déchire ; Et qu’Arzace, à l’instant à mon ordre rendu. Puisse apporter le calme à ce cœur éperdu !

1. Dans Lucain (IX, 475-77), Caton répond h ceux qui le pressent d’aller

consulter Toracle d*Ammon :

Sterilesne dcgit arenas, Ut caneret paucis ; mersitque hoc pulvero verumf

C*est-à-diro, suivant la traduction de Brébeuf :

Croyons-nous qu’à ce lomple un dieu soit limité ? Qu’il ait dans ces sablons plongé la vérité f

Dans le pofîme sur la Lot naturelle {i^ partie), M. de Voltaire dit, en parlant

de Dieu :

Sans doute, il a parlé, mais c’est à l’univers. Il n’a point de l’Égypte habité les déserts ; Delphes, Délos, Ammon, ne sont point ses asiles ; Il ne se cacha point aux autres des Sibylles. (K.)

FIN DU PREMIER ACTE.