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542 SÉMIRAMIS.

R È S, ouvrant le coffre, et se penchant arec respect et avec

douleur.

C’est donc vous que je touche. Restes chers et sacrés ; je vous vois, et ma bouche Presse, avec des sanglots, ces tristes monuments Qui, m’arrachant des pleurs, attestent mes serments ! Que Ton nous laisse seuls ; allez, et vous, Mitrane, De ce secret mystère écartez tout profane.

(Les mages se retirent.)

Voici ce môme sceau dont Ninus autrefois

Transmit aux nations l’empreinte de ses lois :

Je la vois, cette lettre à jamais effrayante,

Que, prête à se glacer, traça sa main mourante.

Adorez ce bandeau dont il fut couronné :

A venger son trépas ce fer est destiné.

Ce fer qui subjugua la Perse et la Médie,

Inutile instrument contre la perfidie,

Contre un poison trop sûr, dont les mortels apprêts..

ARZACE.

Ciel ! que m’apprenez-vous ?

OROÈS.

Ces horribles secrets Sont encor demeurés dans une nuit profonde. Du sein de ce sépulcre, inaccessible au monde, Les mânes de Ninus et les dieux outragés Ont élevé leurs voix, et ne sont point vengés.

ARZÂCE.

Jugez de quelle horreur j’ai dû sentir l’atteinte ! Ici même, et du fond de cette auguste enceinte. D’affreux gémissements sont vers moi parvenus.

OROÈS.

Ces accents de la mort sont la voix de Ninus.

ARZACE.

Deux fois à mon oreille ils se sont fait entendre.

OROÈS.

Ils demandent vengeance.

ARZACE.

Il a droit de l’attendre. Mais de qui ?

OROÈS.

Les cruels dont les coupables mains Du plus juste des rois ont privé les humains,