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540 SÉMIRAMIS.

Et, placé par la gloire au rang des plus grands princes. Vous êtes devenu l’ouvrage de vos maine.

ARZAGE.

Je ne sais en ces lieux quels seront mes destins. Aux plaines d’Arbazan quelques succès peut-être, Quelques travaux heureux m’ont assez fait connaître ; Et quand Sémiramis, aux rives de rOxus, Vint imposer des lois à cent peuples vaincus, Elle laissa tomber de son char de victoire Sur mon front jeune encore un rayon de sa gloire ; Mais souvent dans les camps un soldat honoré Rampe à la cour des rois, et languit ignoré.

Mon père, en expirant, me dit que ma fortune Dépendait en ces lieux de la cause commune. Il remit dans mes mains ces gages précieux. Qu’il conserva toujours loin des profanes yeux : Je dois les déposer dans les mains du grand-prétre ; Lui seul doit en juger, lui seul doit les connaître ;. Sur mon sort, en secret, je dois le consulter ; A Sémiramis même il peut me présenter.

MITRANE.

Rarement il l’approche ; obscur et solitaire,

Renfermé dans les soins de son saint ministère,

Sans vaine ambition, sans crainte, sans détour,

On le voit dans son temple, et jamais à la cour.

Il n’a point affecté l’orgueil du rang suprême.

Ni placé sa tiare auprès du diadème ;

Moins il veut être grand, plus il est révéré.

Quelque accès m’est ouvert en ce séjour sacré ;

Je puis même, en secret, lui parler à cette heure.

Vous le verrez ici, non loin de sa demeure.

Avant qu’un jour plus grand vienne éclairer nos yeux.

SCENE IL

ARZACE.

Eh ! quelle est donc sur moi la volonté des dieux ? Que me réservent-ils ? et d’où vient que mon père M’envoie, en expirant, au pied du sanctuaire. Moi soldat, moi nourri dans l’horreur des combats.