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ACTE 1, SCÈNE I. 50a

Qu’aux Scythes ravisseurs ont arraché vos mains :

Ce trône a vu flétrir sa majesté suprême,

Dans des jours de triomphe au sein du bonheur même.

ARZACE.

Azéma n’a point part à ce trouble odieux ;

Un seul de ses regards adoucirait les dieux ;

Azéma d’un malheur ne peut être la cause.

Mais de tout, cependant, Sémiramis dispose :

Son cœur en ces horreurs n’est pas toujours plongé ?

MITRANE.

De ces chagrins mortels son esprit dégagé Souvent reprend sa force et sa splendeur première. J’y revois tous les traits de cette âme si fière, A qui les plus grands rois, sur la terre adorés, Même par leurs flatteurs ne sont pas comparés. Mais lorsque, succombant au mal qui la déchire. Ses mains laissent flotter les rênes de l’empire. Alors le fier Assur, ce satrape insolent, Fait gémir le palais sous son joug accablant. Ce secret de l’État, cette honte du trône. N’ont point encore percé les murs de Babylone. Ailleurs on nous envie, ici nous gémissons.

ARZACE.

Pour les faibles humains quelles hautes leçons î Que partout le bonheur est mêlé d’amertume ! Qu’un trouble aussi cruel m’agite et me consume ! Privé de ce mortel, dont les yeux éclairés Auraient conduit mes pas à la cour égarés. Accusant le destin qui m’a ravi mon père. En proie aux passions d’un âge téméraire, A mes vœux orgueilleux sans guide abandonné. De quels écueils nouveaux je marche environné !

MITRANE.

J’ai pleuré comme vous ce vieillard vénérable ; Phradate m’était cher, et sa perte m’accable : Hélas ! Ninus l’aimait ; il lui donna son fils ; Ninias, notre espoir, à ses mains fut remis. Un même jour ravit et le fils et le père ; Il s’imposa dès lors un exil volontaire ; Mais enfin son exil a fait votre grandeur. Élevé près de lui dans les champs de l’honneur. Vous avez à l’empire ajouté des provinces ;