Dans ces malheurs communs, qu’à yotre seul danger ? Ai-je pu m’occuper que du mal qui tous tue ?
ZULIME.
Qu’est-ce qui s’est passé ? quelle erreur m’a perdue ? Ah ! n’ai-je pas tantôt, dans mes transports jaloux, Des miens contre Ramire allumé le courroux ? J’accusais mon amant ; j’eus trop de violence ; On m’a trop obéi : je meurs de ma vengeance. Va, cours, informe-toi des funestes effets Et des crimes nouveaux qu’ont produits mes forfaits. Juste ciel ! je partais, et sur la foi d’Atide ! M’aurait-elle trahie ? On n’arrête. Ah, perfide !... N’importe, apprends-moi tout, ne me déguise rien ; Rapporte-moi ma mort : va, cours, vole, et re^^ien.
SÉRAME.
Je vous laisse à regret dans ces horreurs mortelles.
ZÙLIME.
Va, dis-je. Ah ! j’en mérite encor de plus cruelles !
SCENE IL
ZULIME.
M’as-tu trompée, Atide, avec tant de noirceur ?
Quoi ! les pleurs quelquefois ne partent point du cœur !
Mais non ; en me perdant tu te perdrais toi-même.
Toi, tes amis, ton peuple, et ce cruel que j’aime.
Non, trop de vérité parlait dans tes douleurs :
L’imposture, après tout, ne verse point de pleurs.
Ton âme m’est connue ; elle est sans artifice :
Et qui m’eût fait jamais un pareil sacrifice !
Loin de moi, loin de lui tu voulais demeurer.
Ah ! de Ramire ainsi se peut-on séparer ?
Atide n’aime point : j’étais peut-être aimée ;
Ma jalouse fureur s’est trop tôt allumée.
J’assassiné Ramire.