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DISSERTATION SUR LA TRAGÉDIE. 505

le merveilleux règne bien davantage : « Que les dieux emploient des moyens étonnants pour exécuter leurs éternels décrets ! Que les grands événements quils ménagent surpassent les idées des mortels I »

Enfin, monseigneur, c’est uniquement parce que cet ouvrage respire la morale la plus pure, et même la plus sévère, que je le présente à Votre Éminence. La véritable tragédie est Técole de la vertu ; et la seule différence qui soit entre le théâtre épuré et les livres de morale, c’est que Tinstruction se trouve dans la tragédie toute en action, c’est qu’elle y est intéressante, et qu’elle se montre relevée des charmes d’un art qui ne fut inventé autrefois que pour instruire la terre et pour bénir le ciel, et qui, par cette raison, fut appelé le langage des dieux. Vous qui joignez ce grand art à tant d’autres, vous me pardonnez, sans doute, le long détail où je suis entré sur des choses qui n’avaient pas peut-être été encore tout à fait éclaircies, et qui le seraient si Votre Éminence daignait me communiquer ses lumières sur l’antiquité, dont elle a une si profonde connaissance.