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484 AVERTISSEMENT.

Les Ana ont reproduit ce petit dialogue entre Piron et Voltaire à propos de Sémiramis : à Vous voudriez bien que je l’eusse faite, aurait dit Piron. — Je vous aime assez pour ! cela, » eût répondu Voltaire. D’autres placent le trait à propos de Nanine, et tournent autrement la réponse de Voltaire : « Mais, lui fait-on répliquer, on n’a pas sifflé. — Eh ! repart Piron, peut-on siffler quand on bâille. » Tout cela est évidemment de pure invention.

Dans sa nouveauté, Sémiramis eut vingt et une représentations. Elle fut représentée, le jeudi 24 octobre, sur le théâtre de Fontainebleau, et y fut assez bien reçue. Le 10 mars 1749, Voltaire fit reprendre cette pièce avec des corrections qu’il y ayait faites, et elle réunit tous les suffrages. C’était dans le cinquième acte qu’il avait introduit le plus de changements.

La Sémiramis de M. de Voltaire, lisons-nous dans les Anecdotes dramatiques (1775), est une des pièces de cet homme célèbre qui attire aujourd’hui le plus nombreux concours de spectateurs, et que l’on donne le plus souvent... On n’oubliera jamais le jeu terrible et animé du sieur Lekain, chargé du rôle d’Arzace, sortant du tombeau de Ninus, le bras nu et ensanglanté, les cheveux épars, au bruit du tonnerre, à la lueur des éclairs ; arrêté par la terreur à la porte ; luttant pour ainsi dire contre la foudre. Ce tableau, qui dure quelques minutes et qui est der l’invention de l’acteur^ fait toujours le plus grand effet. »

Si de grands défauts ne permettent pas que cette tragédie soit comptée parmi les pièces du premier ordre, ses beautés poétiques et théâtrales la rangent au moins parmi les premières du second. C’est la conclusion de Laharpe.