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474 LA PRUDE.

C’est un bonhomme, il est juste qu’il vive ; Partageons vite, et gardons qu’on nous suive,

ADINE.

Et que dira le monde ?

DORFISE.

Ah ! ses éclats M’ont fait trembler lorque je n’aimais pas : Je l’ai trop craint ; à présent je le brave ; C’est de vous seul que je veux être esclave.

ADINE.

Hélas ! de moi ?

DORFISE.

Je m’en vais sourdement Chercher ce coffre à tous deux important. Attends ici ; je revole sur l’heure.

SCENE VI.

BLANFORD, ADINE.

ADINE.

Qu’en dites-vous ? en bien ! là ?

BLANFORD.

Que je meure S’il fut jamais un tour plus déloyal, Plus enragé, plus noir, plus infernal î Et cependant, admirez, jeune Adine, Comme à jamais dans nos âmes domine Ce vif instinct, ce cri de la vertu. Qui parle encor dans un cœur corrompu.

ADINE.

Comment ?

BLANFORD.

Tu vois que la perfide n’ose Me voler tout, et me rend quelque chose.

ADINE, avec un ton ironique.

Oui, vous devez bien l’en remercier. N’avez-vous pas encore à confier Quelque cassette à cette honnête prude ?

BLANFORD.

Ah ! prends pitié d’une peine si rude ;