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ACTE V, SCÈNE V. 473

Je ne sais rien, sinon que je vous aime.

ADINE.

Vous haïssez Blanford, là, tout de bon ?

DORFISE.

La crainte enfin produit l’aversion.

ADINE, finement.

Et l’autre époux ?

DORFISE.

A lui rien ne m’engage.

BLANFORD.

Qiie je youdrais...

ADINE, bas, allant vers lui.

Paix donc.

DORFISE.

En femme sage J’ai consulté sur le contrat dressé ; II est cassable : ah ! qu’il sera cassé ! Qu’un autre hymen flatte mon espérance !

ADINE.

Quoi ! m’épouser ?

DORFISE.

Je veux qu’avec prudence Secrètement nous partions tous les deux. Pour éviter un éclat scandaleux ; Et que bientôt, quand d’ici je m’éloigne. Un lien sur et bien serré nous joigne. Un nœud sacré, durable autant que doux.

ADINE.

Durable ! allons. Mais de quoi vivrons-nous ?

DORFISE.

Vous me charmez par cette prévoyance ; Ce qui me plaît en vous, c’est la prudence. Apprenez donc que ce guerrier Blanford, Héros en mer, en affaire un butor. Quand de Marseille il quitta les pénates Pour attaquer de Maroc les pirates. M’a mis en main très-cordialement Son cœur, sa foi, ses bijoux, son argent : Comme je suis non moins neuve en affaire. L’autre mari s’en fit dépositaire : Je vais reprendre et les bijoux et l’or ; Nous en allons aider monsieur Blanford *.