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ACTE V, SCÈNE IV. 474

ADINE.

Qu’entends-je, hélas ! je m’aperçois enfin

Que je ne puis changer votre destin

Ni votre cœur ; votre âme inaltérable

Ne connaît point la douleur qui m’accable ;

Vous en saurez les funestes effets :

Je me retire. Adieu donc pour jamais.

BLANFORD.

Mais quels accents ! d’où viennent tes alarmes ? Il est outré ; je vois couler ses larmes. Que prétend-il ? Parlez ; quel intérêt Avez-vous donc à ce qui me déplaît ?

ADINE.

Mon intérêt, monsieur, était le vôtre ; Jusqu’à présent je n’en connus point d’autre : Je vois quel est tout l’excès de mon tort. Pour vous servir je faisais un effort ; Mais ce n’est pas le premier.

BLANFORD.

L’innocence De son maintien, sa modeste assurance, Son ton, sa voix, son ingénuité. Me font pencher presque de son côté. Mais cependant, tu vois, l’heure se passe Où ce projet plein de fourbe et d’audace Devait, dis-tu, sous mes yeux s’accomplir.

ADINE.

Aussi j’entends une porte s’ouvrir. Voici l’endroit, voici le moment même Où vous auriez pu savoir qui vous aime.

BLANFORD.

Est-il possible ? est-il vrai ? juste Dieu !

ADINE, finement.

Il me paraît très-possible.

BLANFORD.

En ce lieu Demeurez donc. Quoi ! tant de fourberie ! Dorflse ! non...

ADINE.

Taisez-vous, je vous prie. Paix ! attendez : j^entends un peu de bruit ; On vient vers nous ; j’ai peur, car il fait nuit.