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I

470 LA PRUDE.

Ce n’est qu’un rien, et Ton n’a qu’à vouloir. Ah ! si la chose était en mon pouvoir I Et pourquoi non ? dans quelle gène extrême Je me suis mis pour m’outrager moi-même Quoi ! cet enfant, Darmin, le chevalier. Par leurs discours auront pu m’effrayer ? Non, non ; suivons le conseil que me donne Cette cousine ; elle est folle, mais bonne ; Elle a rendu gloire à la vérité. Dorfise m’aime : on est en sûreté. Je ne veux plus rien voir ni rien entendre. Par cet Adine on voulait me surprendre Pour m’éblouir et pour me gouverner : Dans ces filets je ne veux point donner. Darmin toujours est coiffé de sa nièce : Que je la hais ! mais quelle étrange espèce...

(Adine paraît dans le fond du théAtre.)

Le voici donc ce malheureux enfant. Qui cause ici tant de déchaînement ! On le prendrait, je crois, pour une fille ; Sous ces habits que sa mine est gentille ! Jamais, ma foi, je ne m’étais douté Qu’il pût avoir cette fleur de beauté ! Il n’a point l’air gêné dans sa parure, Et son visage est fait pour sa coiffure.

SCENE IV.

BLANFORD ; ADINE, en habit do mie.

ADINE.

Eh bien ! monsieur, je suis tout ajusté, Et vous saurez bientôt la vérité.

BLANFORD.

Je ne veux plus rien savoir, de ma vie ; C’en est assez. Laissez-moi, je vous prie : J’ai depuis peu changé de sentiment : Je n’aime point tout ce déguisement. Ne vous mêlez jamais de cette affaire. Et reprenez votre habit ordinaire.