Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome04.djvu/468

Cette page n’a pas encore été corrigée

464 LA PRUDE.

Je te crois bon ; ton cœur sans arliflce Est apprenti dans Técole du vice. Un esprit simple, un cœur neuf et trop bon, Est un outil dont se sert un fripon. N’es-tu venu, cruel, que pour me nuire ?

ADINE.

Ah ! c’en est trop ; gardez-vous de détruire,

Par votre humeur et votre vain courroux,

Cette pitié qui parle encor pour vous.

C’est elle seule à présent qui m’arrête ;

N’écoutez rien, faites à votre tête.

Dans vos chagrins noblement affermi.

Soupçonnez bien quiconque est votre ami.

Croyez surtout quiconque vous abuse ;

Que votre humeur et m’outrage et m’accuse ;

Mais apprenez à respecter un cœur

Qui n’est pour vous ni trompé ni trompeur.

LE CHEVALIER MONDOR.

En tiens-tu, là ? le dépit te suffoque ; Jusqu’aux enfants, chacun de toi se moque. Deviens plus sage ; il faut tout oublier Dans le vin grec où je vais te noyer. Viens, bel enfant !

SCENE IX.

BLANFORD, ADINE.

BLANFORD.

Demeure encore, Adine : Tu m’as ému, ta douleur me chagrine. Je sais que j’ai souvent un peu d’humeur ; Mais tu connais tout le fond de mon cœur. Il est né juste, il n’est que trop sensible. Tu vois quel est mon embarras horrible. Aurais-tu bien le plaisir malfaisant De t’égayer à croître mon tourment ? Parle-moi vrai, mon fils, je fen conjure.

ADINE.

Vous êtes bon, mon âme est aussi pure. Je n’ai jamais connu jusqu’à présent.