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ACTE IV, SCÈNE VIL 464

ADINE.

L’excès de ses bontés Était tout neuf à mes sens agités. Un tel amour n’est pas fait pour me plaire. Je ne sentais qu’une juste colère ; Je m’indignais, monsieur, avec raison, Et de sa flamme et de sa trahison ; Et je disais que, si j’étais comme elle. Assurément je serais plus fidèle.

BLANPORD.

Ah ! le pendard ! comme on a préparé De ses discours le poison trop sucré î Eh bien ! après ?

ADINE.

Eh bien ! son éloquence Déjà prenait un peu de véhémence. Soudain, monsieur, elle jette un grand cri : On heurte, on entre, et c’était son mari.

BLANFORD.

Son mari ? bon ! quels sots contes j’écoute ! C’était ce fou de chevalier, sans doute.

ADINE.

Oh ! non ; c’était un véritable époux.

Car il était bien brutal, bien jaloux ;

Il menaçait d’assassiner sa femme ;

Il la nommait fausse, perfide, infâme.

Il prétendait me tuer aussi, moi.

Sans que je susse, hélas ! trop bien pourquoi.

Il m’a fallu conjurer sa furie,

A deux genoux, de me sauver la vie ;

J’en tremble encor de peur.

BLANFORD.

Eh ! le poltron ! Et ce mari, voyons quel est son nom ?

ADINE.

Oh ! je l’ignore.

BLANFORD.

Oh ! la bonne imposture ! Çà, peignez-moi, s’il se peut, sa figure.

ADINE.

Mais il me semble, autant que l’a permis L’horrible eflfroi qui troublait mes esprits.