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ACTE IV, SCÈNE V. 455

L’acier tranchant de ses traits empestés, Et plus mon cœur, épris de vos beautés, Saura défendre une vertu si pure.

DORFISE.

Vous vous trompez bien fort, je vous le jure.

BLANFORD.

Non ; croyez-moi, je m’y connais un peu. Et j’aurais mis ces quatre doigts au feu, J’aurais juré qu’aujourd’hui la cousine Aurait lorgné notre petit Adine. Pour être honnête, il faut de la raison ; Quand on est fou, le cœur n’est jamais bon ; Et la vertu n’est que le bon sens même. Je plains Darmin, je l’estime, je l’aime : Mais il est fait pour être un peu moqué : C’est malgré moi qu’il s’était embarqué Sur un vaisseau si frêle et si fragile.

SCENE V.

BLANFORD, DORFISE, DARMIN, MADAME BURLET.

MADAME BURLET.

Quoi ! toujours noir, sombre, pétri de bile,

Moralisant, grondant dans ton dépit

Le genre humain, qui l’ignore, ou s’en rit ?

Vertueux fou, finis tes soliloques.

Suis-moi, je viens d’acheter vingt breloques ;

J’en ai pour toi. Viens chez le chevalier ;

Il nous attend, il doit nous fêtoyer.

J’ai demandé quelque peu de musique

Pour dérider ton front mélancolique ;

Après cela, te prenant par la main,

Nous danserons jusques au lendemain.

(A Dorâso.)

Tu danseras, madame la sucrée.

DORFISE.

Modérez-vous, cervelle évaporée ; Un tel propos ne peut me convenir ; Et de tantôt il faut vous souvenir.