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ACTE IV, SCÈNE IV. 4o3

A son menton doux, lisse, et sans coton. Dis-lui qu’en fille il est bon qu’il s’habille ; Que décemment il s’introduisse en fille.

COLETTE.

Puisse fe ciel bénir vos bons desseins !

DORFISE.

Cet enfant-là calmerait mes chagrins ; Mais le grand point, c’est que l’on imagine Que tout le mal vient de notre cousine ; C’est que Blanford soit par lui convaincu Qu’Adine ici pour une autre est venu ; Qu’il soit toujours dupe de l’apparence.

COLETTE.

Oh ! qu’il est bon à tromper ! car il pense Tout le mal d’elle, et de vous tout le bien. Il croit tout voir bien clair, et ne voit rien. J’ai confirmé que c’est notre rieuse Qui du jeune homme est tombée amoureuse.

DORFISE.

Ah ! c’est mentir tant soit peu, j’en convien : C’est un grand mal ; mais il produit un bien.

SCENE IV.

BLANFORD, DORFISE.

BLANFORD.

mœurs ! ô temps ! corruption maudite !

Elle s’est fait rendre déjà visite

Par cet enfant simple, ingénu, charmant ;

Elle voulait en faire son amant :

Elle employait l’art des subtiles trames

De ces filets où l’amour prend les âmes.

Hom ! la coquette !

DORFISE.

Écoutez ; après tout. Je ne crois pas qu’elle ait jusques au bout Osé pousser cette tendre aventure ; Je ne veux point lui faire cette injure ; Il ne faut pas mal penser du prochain ;