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452 LA PRUDE.

SCÈNE III.

DORFISE, COLETTE.

COLETTE.

A Tos desseins je ne puis rien comprendre ; C’est une énigme.

DORFISE.

Eh bien ! tu vas Tentendre. J’ai fait promettre à ce beau chevalier De taire tout ; il va tout publier. C’en est assez ; sa voix me justifie. Blanford croira que tout est calomnie ; Il ne verra rien de la vérité ; Ce jour au moins je suis en sûreté ; Et dès demain, si le succès couronne Mes bons desseins, je ne craindrai personne.

COLETTE.

Vous m’enchantez, mais vous m’épouvantez ; Ces piéges-là sont-ils bien ajustés ? Craignez-vous point de vous laisser surprendre Dans les filets que vos mains savent tendre ? Prenez-y garde.

DORFISE.

Hélas ! Colette ! hélas ! Qu’un seul faux pas entraîne de faux pas ! De faute en faute on se fourvoie, on glisse, On se raccroche ; on tombe au précipice ; La tète tourne, on ne sait où l’on va. Mais j’ai toujours le jeune Adine là. Pour l’obtenir, et pour que tout s’accorde. Il reste encore à mon arc une corde. Le chevalier à minuit croit venir ; Mon jeune amant le saura prévenir. Il faut qu’il vienne à neuf heures, Colette ; Entends-tu bien ? COLETTE.

Vous serez satisfaite.

DORFISE.

On le croit fille, à son air, à son ton.