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ACTE IV, SCÈNE II. 454

DORFISE.

Je veux par de saints nœuds Vous rendre sage, et, qui plus est, heureux.

LE CHEVALIER MONDOR.

Heureux ! Allons, c’est assez ; la sagesse Ne me va pas, mais notre bonheur presse.

DORFISE.

D’abord j’exige un service de vous.

LE CHEVALIER MONDOR.

Fort bien, parlez tout franc à votre époux.

DORFISE.

Il faut ce soir, mon très-cher, faire en sorte Que la cohue aille ailleurs qu’à ma porte ; Que ce Blanford, si fier et si chagrin, Et ma cousine, et son fat de Darmin, Et leurs parents, et leur folle séquelle. De tout le soir ne troublent ma cervelle. Puis à minuit un notaire sera Dans mon alcôve, et notre hymen fera : Vous y viendrez par une fausse porte. Mais point avant.

LE CHEVALIER MONDOR.

/ Le plaisir me transporte.

Du sieur Blanford que je me moquerai I Qu’il sera sot ! que je l’atterrerai ! Que de brocards I

DORFISE.

Au moins sous ma fenêtre, Avant minuit gardez-vous de paraître. Allez-vous-en, partez, soyez discret.

LE CHEVALIER MONDOR.

Ah ! si Blanford savait ce grand secret !

DORFISE.

Mon Dieu ! sortez, on pourrait nous surprendre.

LE CHEVALIER MONDOR.

Adieu, ma femme.

DORFISE.

Adieu.

LE CHEVALIER MONDOR.

Je vais attendre L’heure de voir, par un charmant retour, La pruderie immolée à l’amour.