450 LA PRUDE.
DORFISE.
Il peut m’aider ; le sage en ses desseins Se sert des fous pour aller à ses fins.
SCENE II.
DORFISE, LE CHEVALIER MONDOR,
COLETTE.
DORFISE.
Venez, venez ; j*ai deux mots à vous dire.
LE CHEVALIER MONDOR.
Je suis soumis, madame, à votre empire, Votre captif, et votre chevalier. Faut-il pour vous batailler, ferrailler ? Malgré votre âme à mes désirs revôche, Me voilà prêt ; parlez, je me dépêche.
DORFISE.
Est-il bien vrai que j’ai su vous charmer ? Et m’aimez-vous, là, comme il faut aimer ?
LE CHEVALIER MONDOR.
Oui ; mais cessez d’être si respectable, La beauté plaît ; mais je la veux traitable. Trop de vertu sert à faire enrager ; Et mon plaisir, c’est de vous corriger.
DORFISE.
Que pensez-vous de notre jeune Adine ?
LE CHEVALIER MONDOR.
Moi I rien : je suis rassuré par sa mine. Hercule et Mars n’ont jamais à trente ans Pu redouter des Adonis enfants.
DORFISE.
Vous me plaisez par cette confiance ; Vous en aurez la juste récompense. Peut-être on dit qu’en un secret lien Je suis entrée : il n’en faut croire rien. De cent amants lorgnée et fatiguée. Vous seul enfin vous m’avez subjuguée.
LE CHEVALIER MONDOR.
Je m’en doutais.