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446 LA PRUDE.

SCENE IX.

DORFISE, MADAME BURLET.

MADAME BURLET.

En rérité, je me réjouis fort De voir qu’ainsi la chose soit tournée. Du prétendu la visière est bornée. Je m’étonnais, ma cousine, entre nous, Que ta cervelle eût choisi cet époux ; Mais ce cas-ci me surprend davantage. Prendre pour fille un garçon ! à son âge ! Ah 1 les maris seront toujours bernés. Jaloux et sots, et conduits par le nez.

DORFISE.

Je n’entends rien, madame, à ce langage ; Je n’avais pas mérité cet outrage. Quoi I vous pensez qu’un jeune homme en effet Se soit caché là, dans ce cabinet ?

MADAME BURLET.

Assurément je le pense, ma chère.

DORFISE.

Quand mon mari vous a dit le contraire ?

MADAME BURLET.

Apparemment que ton mari futur A cru la chose, et n’a pas l’œil bien sur : N’avez-vous pas ici conté vous-même Qu’un beau garçon...

DORFISE.

L’extravagance extrême ! Qui ? moi ? jamais : moi, je vous aurais dit !... A ce point-là j’aurais perdu l’esprit ! Ah ! ma cousine, écoutez, prenez garde ; Quand follement la langue se hasarde A débiter des discours médisants. Calomnieux, inventés, outrageants. On s’en repent bien souvent dans la vie.

MADAME BURLET.

Il est bon là ! moi, je te calomnie !