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444 L^ PRUDE.

BARTOLIN.

Ah ! pardon. Je l’avouerai, je suis honteux, mesdames, D’avoir conçu de ces soupçons infâmes : Mais l’apparence enfin dut m’alarmer. En vérité, pouvais-je présumer Que ce jeune homme, à ma vue abusée. Fût une flUe en garçon déguisée * ?

DORFISE, àpart.

En voici bien d’une autre.

MADAME BURLET.

Tout de bon ! Madame a pris ilUe pour un garçon ?

BARTOLIN.

La pauvre enfant est encor tout en larmes : En vérité, j’ai pitié de ses charmes. Mais pourquoi donc ne me pas avertir De ce qu’tîlle est ? pourquoi prendre plaisir A m’éprouver, à me mettre en colère ?

DORFISE, à part.

Oh ! oh ! le drôle a-t-il pu si bien faire

Qu’à Bartolin il ait persuadé

Qu’il était fille, et se soit évadé ?

Le tour est bon. Mon Dieu, l’enfant aimable !

(A Bartolin.)

Que l’amour a d’esprit ! Homme haïssable ! Eh bien I méchant, réponds, oseras-tu Faire un affront encore à la vertu ? La pauvre fille, avec pleine assurance, Me confiait son aimable innocence ; Madame sait avec combien d’ardeur Je me chargeais du soin de son honneur. Il te faudrait une franche coquette. Je te l’avoue, et je te la souhaite. J’éclaterai : je me perds, je le sai ; Mais mon contrat sera, ma foi, cassé.

1. Dans la pièce anglaise, le mari prend les 143ton8 de cette fille déguisée en garçon : à Bon, dit-il ; c’était moi qui allais être cocu, et c^est ma Temme qui va Têtre. » On peut juger s’il eût été décent de traduire exactement la pièce que les comédiens comptaient Jouer alors. {Note de Voltaire.)