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ACTE III, SCÈNE II. 435

DORFISE.

Voyez la masque ! une femme infidèle ! Punissons-la, mon fils : çà, quelle est-elle ? De quel pays ? quel est son rang ? son nom ?

ADINE.

Ah ! je ne puis le dire.

DORFISE.

Gomment donc ! Vous possédez aussi Tart de vous taire 1 Ah ! vous avez tous les talents de plaire ; Jeune et discret ! Je vais, moi, m’expliquer. Si quelque jour, pour vous bien dépiquer De la guenon qui fit votre conquête, •On vous offrait une personne honnête, Riche, estimée, et surtout possédant Un cœur tout neuf, mais solide et constant. Tel qu’il en est très-peu dans la Turquie, Et moins encor, je crois, dans ma patrie ; Que diriez-vous ? que vous en semblerait ?

ADINE.

Mais... je dirais que l’on me tromperait.

DORFISE.

Ah ! c’est trop loin pousser la défiance ; Ayez, mon fils, un peu plus d’assurance.

ADINE.

Pardonnez-moi, mais les cœurs malheureux. Vous le savez, sont un peu soupçonneux.

DORFISE.

Eh ! quels soupçons avez-vous, par exemple, Quand je vous parle, et que je vous contemple ?

ADINE.

J’ai des soupçons que vous avez dessein De m’éprouver.

DORFISE, en s’écriant.

Ah I le petit malin I Qu’il est rusé sous cet air d’innocence ! C’est l’amour même au sortir de l’enfance. Allez-vous-en : le danger est trop grand ; Je ne veux plus vous voir absolument.

ADINE.

Vous me chassez ; il faut que je vous quitte.