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ACTE III, SCENE II. 433

ADINE.

Je suis tout interdit... Pardonnez-moi, madame ; on m’avait dit Qu’une autre...

DORFISE, tendrement

Eh bien ! c’est moi qui suis cette autre. Rassurez-vous ; quelle peur est la vôtre ? Avec Blanford ma cousine aujourd’hui Dîne dehors : tenez-moi lieu de lui.

(Elle le fait asseoir.) ADINE.

Ah ! qui pourrait en tenir lieu, madame ? Est-il un feu comparable à sa flamme ? Et quel mortel égalerait son cœur En grandeur d’âme, en amour, en valeur ?

DORFISE.

Vous en parlez, mon fils, avec grand zèle ; Votre amitié parait vive et fidèle : J’admire en vous un si beau naturel.

ADINE.

C’est un penchant bien doux, mais bien cruel.

DORFISE.

Que dites-vous ? La charmante jeunesse Doit éprouver une honnête tendresse : Par de saints nœuds il faut qu’on soit lié ; Et la vertu n’est rien sans l’amitié.

ADINE.

Ah I s’il est vrai qu’un naturel sensible De la vertu soit la marque infaillible. J’ose vous dire ici sans vanité Que je me pique un peu de probité.

DORFISE.

Mon bel enfant, je me crois destinée

A cultiver une âme si bien née.

Plus d’une femme a cherché vainement

Un ami tendre, aussi vif que prudent,

Qui possédât les grâces du jeune âge.

Sans en avoir l’empressertient volage ;

Et je me trompe à votre air tendre et doux.

Ou tout cela paraît uni dans vous.

Par quel bonheur une telle merveille

Se trouve-t-elle aujourd’hui dans Marseille ?

(Bile approche son fauteuil.) ’ Théatrb. m. 28