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ACTE II, SCÈNE IX. 429

COLETTE.

Avec tendresse il lorgne vos appas.

DORFISE.

Est-ce ma faute ! ah ! je n’y consens pas.

COLETTE.

Je le crois bien, le péril est trop proche :

Du bon Blanford je crains pour vous l’approche ;

Je crains surtout le courroux impoli

De Bartolin.

DORFISE, en soupirant.

Que ce Turc est joli ! Le crois-tu Turc ? crois-tu qu’un infidèle Ait l’air si doux, la figure si belle ? Je crois, pour moi, qu’il se convertira.

COLETTE.

Je crois, pour moi, que dès qu’on apprendra

Qu’à Bartolin vous êtes mariée.

Votre vertu sera fort décriée ;

Ce petit Turc de peu vous servira.

Terriblement Blanford éclatera.

DORFISE.

Va, ne crains rien,

COLETTE.

J’ai dans votre prudence Depuis longtemps entière confiance : Mais Bartolin est un brutal jaloux ; Et c’est bien pis, madame, il est époux. Le cas est triste ; il a peu de semblables. Ces deux rivaux seraient fort intraitables.

DORFISE.

Je prétends bien les éviter tous deux. J’aime la paix, c’est l’objet de mes vœux. C’est mon devoir ; il faut en conscience Prévoir le mal, fuir toute violence. Et prévenir le mal qui surviendrait Si mon état trop tôt se découvrait. J’ai des amis, gens de bien, de mérite.

COLETTE.

Prenez conseil d’eux.

DORFISE.

Ah I oui ; prenons vite.