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ACTE II, SCÈNE VI. 423

De différer pour se faire chérir.

L’homme se mène aisément ; ses faiblesses

Font notre force, et servent nos adresses.

On s’est tiré de pas plus dangereux.

J’ai fait finir cet entretien fâcheux.

Adroitement je fais à la campagne

Courir notre homme (et le ciel l’accompagne !)

Chez Bartolin son ancien confident,

Qui pourra bien lui compter quelque argent.

J’aurai du temps, il suffit.

COLETTE.

Ah ! le diable Vous fit signer ce contrat détestable ! •Qui ? vous, madame, avoir un Bartolin I

DORFISE.

Eh I mon enfant ! le diable est bien malin. Ce gros caissier m’a tant persécutée I Le cœur se gagne ; on tente, on est tentée. Tu sais qu’un jour on nous dit que Blanford Ne viendrait plus.

COLETTE.

Parce qu’il était mort.

DORFISE.

Je me voyais sans appui, sans richesse. Faible surtout ; car tout vient de faiblesse. L’étoile est forte, et c’est souvent le lot De la beauté d’épouser un magot. Mon cœur était à des épreuves rudes.

COLETTE,

Il est des temps dangereux pour les prudes. Mais à l’amour devant sacrifier, Vous auriez dû prendre le chevalier : Il est joli.

DORFISE.

Je voulais du mystère : Je n’aime pas d’ailleurs son caractère ; Je le ménage ; il est mon complaisant, Mon émissaire ; et c’est lui qui répand, Par son babil et sa folie utile. Les bruits qu’il faut qu’on sème par la ville.

COLETTE,

JUais Bartolin est si vilain I