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444 LA PRUDE.

Rit des bons mots qu’il prétend avoir dit ; Damon, qui fait, pour vingt beautés qu’il aime, Vingt madrigaux plus fades que lui-même ; Et ce robin parlant toujours de lui ; Et ce pédant portant partout Pennui ; Et mon cousin, qui... ?

LE CHEVALIER MONDOR.

C’en est trop, madame : Chacun son tour ; et si votre belle âme Parle du monde avec tant de bonté, J’aurai du moins autant de charité. Je veux ici vous tracer de mon style En quatre mots un portrait de la ville, A commencer par...

DORFISE.

Ah ! n’en faites rien ; 11 n’appartient qu’aux personnes de bien De châtier, de gourmander le vice : C’est à mes yeux une horrible injustice Qu’un libertin satirise aujourd’hui D’autres mondains moins vicieux que lui. Lorsque j’en veux à l’humaine nature, C’est zèle, honneur, et vertu toute’pure, Dégoût du monde. Ah Dieu ! que je le hais. Ce monde infâme I

MADAME BURLET.

Il a quelques attraits.

DORFISE.

Pour vous, hélas I et pour votre ruine.

MADAME BURLET.

N’en a-t-il point un peu pour vous, cousine ? Haïssez-vous ce monde ?

DORFISE.

Horriblement.

LE CHEVALIER MONDOR.

Tous les plaisirs ?

DORFISE.

Épouvantablemen t.

MADAME BURLET.

Le jeu ? le bal ?

LE CHEVALIER MONDOR.

La musique ? la table 7