Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome04.djvu/411

Cette page n’a pas encore été corrigée

ACTE I, SCÈNE III. 407

Qu’à ses vertus mes jours sont destinés, Qu’elle est à moi, que sa juste tendresse De m’épouser m’avait passé promesse, Qu’elle m’attend pour m’unir à son sort.

LE CHEVALIER MONDOR, en riant.

Le beau billet qu’a là l’ami Blanford ^ ?

(A Darmin.)

Il a, dis-tu, besoin, dans sa détresse. D’autres billets payables en espèce. Tiens, cher Darmin.

(Il Tout lui donner un portefeuille.)

BLANFORD, l’arrôtant.

Non, gardez-vous-en bien.

DARMIN.

Quoil vous voulez ?...

BLANFORD.

De lui je ne veux rien. Quand d’emprunter on fait la grâce insigne, C’est à quelqu’un qu’on daigne en croire digne ; C’est d’un ami qu’on emprunte l’argent.

LE CHEVALIER MONDOR.

Ne suis-je pas ton ami ?

BLANFORD.

Non, vraiment. Plaisant ami, dont la frivole flamme. S’il se pouvait, m’enlèverait ma femme ; Qui, dès ce soir, avec vingt fainéants. Va s’égayer à table à mes dépens I Je les connais ces beaux amis du monde.

LE CHEVALIER MONDOR.

Ce monde-là, que ton rare esprit fronde. Crois-moi, vaut mieux que ta mauvaise humeur. Adieu. Je vais du meilleur de mon cœur Dans le moment chez la belle Dorflse Aux grands éclats rire de ta sottise.

(Il veut s’en aller.) BLANFORD, l’arrêtant.

Que dis-tu là ?... mon cher Darmin ! comment ? Elle est ici, Dorflse ?

1. Cesi le mot de Ninon : « Ah ! le beau billet qu*a La Châtre. » (B.)