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ACTE III, SCÈNE III.

Où d’un départ trop lent on donne le signal.
Bénassar de ces lieux n’est point encor le maître ;
Pour peu que nous tardions, madame, il pourrait l’être.
Vous voulez de l’Afrique abandonner les bords ;.
Venez, ne craignez point ses impuissants efforts.

zulime.

Moi craindre ! ahl c’est pour vous que j’ai connu la crainte.
Croyez-moi ; je commande encor dans cette enceinte ;
La porte de la mer ne s’ouvre qu’à ma voix.
Sauvez ma gloire au moins pour la dernière fois.
Apprenons à l’Espagne, à l’Afrique jalouse,
Que je suis mon devoir en partant votre épouse.

ramire.

C’est braver votre père, et le désespérer ;
Pour le salut des miens je ne puis différer…

zulime.

Ramire !

ramire.

Si le ciel me rend mon héritage.
Valence est à vos pieds.

zulime.

Tu promis davantage.
Que m’importait un trône ?

Atide.

Eh ! madame, est-il temps
De s’oublier ici dans ces périls pressants ?
Songez...

zulime.

De ce péril soyez moins occupée ;
Il en est un plus grand. Ciel ! serais-je trompée ?
Ah, Ramire !

ramire.

Attendez qu’au sein de ses États
L’infortuné Ramire ait pu guider vos pas.

zulime.

Qu’entends-je ? Quel discours à tous les trois funeste !
Ramire ! attendais-tu qu’immolant tout le reste,
Perfide à ma patrie, à mon père, à mon roi.
Je n’eusse en ces climats d’autre maître que toi ?
Sur ces rochers déserts, ingrat, m’as-tu conduite
Pour traîner en Europe une esclave à ta suite ?