Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome04.djvu/408

Cette page n’a pas encore été corrigée

404 LA PRUDE.

Et j’avouerai qu’en son humeur badine Elle est bien loin de sa sage cousine.

BLANFORD.

Mais de son cœur ainsi désemparé, Que ferez-vous ?

DARMIN.

Moi ? rien : je me tairai. En attendant qu’à Marseille se rendent Les deux beautés de qui nos cœurs dépendent. Fort à propos je vois venir vers nous L’ami Mondor.

BLANFORD.

Notre ami I dites-vous ? Lui, notre ami ?

DARMIN.

Sa tête est fort’légère ; Mais dans le fond c’est un bon caractère.

BLANFORD.

Détrompez-vous, cher Darmin, soyez sur Que l’amitié veut un esprit plus mûr ; Allez, les fous n’aiment rien.

DARMIN.

Mais le sage Aime-t-il tant ?... Tirons quelque avantage De ce fou-ci. Dans notre cas urgent On peut sans honte emprunter son argent.

SCENE III.

BLANFORD, DARMIN, LE CHEVALIER MONDOR.

LE CHEVALIER MONDOR.

Bonjour, très-cher, vous voilà donc en vie ? C’est fort bien fait, j’en ai l’àme ravie. Bonjour : dis-moi, quel est ce bel enfant Que j’ai vu là dans cet appartement ? D’où vous vient-il ? était-il du voyage ? Est-il Grec, Turc ? est-il ton fils, ton page ? Qu’en faites-vous ? Où soupez-vous ce soir ? A quels appas jetez-vous le mouchoir ?