ACTE I, SCÈNE II. 404
BLANFORD.
Feu votre frère a très-mal destiné ; J’ai mieux choisi ; je suis déterminé Pour la vertu qui, du monde exilée, Chez ma Dorflse est ici rappelée.
ÂDINE.
Un tel mérite est rare, il me surprend ;
Mais son bonheur me semble encor plus grand.
BLANFORD.
Ce jeune enfant a du bon, et je Taime ; Il prend parti pour moi contre vous-même.
DARMIN.
Pas tant peut-être. Après tout, dites-moi Comment Dorflse, avec sa bonne foi. Avec ce goût, qui pour vous seul l’attire, Depuis un an cessa de vous écrire ?
BLANFORD.
Voudriftz-vous qu’on m’écrivît par l’air, Et que la poste allât en pleine mer ? Avant ce temps j’ai vingt fois reçu d’elle De gros paquets, mais écrits d’un modèle... D’un air si vrai... d’un esprit si sensé... Rien d’affecté, d’obscur, d’embarrassé ; Point d’esprit faux ; la nature elle-même, Le cœur y parle ; et voilà comme on aime.
DARMIN, àAdine.
Vous pâlissez.
BLANFORD, arec emproMement, à Adine.
Qu’avez-vous ?
ADINE.
Moi, monsieur ? L’n mal cruel qui me perce le cœur.
BLANFORD, à Dannin.
Le cœur ! quel ton I une fille à son âge Serait plus forte, aurait plus de courage. Je l’aime fort, mais je suis étonné Qu’à cet excès il soit efféminé. Était-il fait pour un pareil voyage ? Il craint la mer, les ennemis, l’orage. Je l’ai trouvé près d’un miroir assis ; Il était né pour aller à Paris Nous étaler sur les bancs du, théâtre Théâtre. III. 26