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ACTE III, SCÈNE II.

atide.

Qui ne cconait l’état d’une âme combattue ?
J’éprouve, croyez-moi, le chagrin qui tous tue ;
Et ma triste amitié...

zulime.

Vous m’en devez, du moins.
Mais que cette amitié prend de funestes soins I
Ne me parlez jamais que d’adorer Ramire,
Redoublez dans mon cœur tout l’amour qu’il m’inspire.
Hélas I m’assurez-vous qu’il réponde à mes vœux
Gomme il le doit, Atide, et comme je le veux ?

atide.

Ce n’est point à des cœurs nourris dans l’amertume,
Que la crainte a glacés, que la douleur consume ;
Ce n’est point à des yeux aux larmes condamnés.
De lire dans les cœurs des amants fortunés.
Est-ce à moi d’observer leur joie et leur caprice ?
Ne vous suffit-il pas qu’on vous rende justice.
Qu’on soit à vos bontés asservi pour jamais ?

zulime.

Non ; il semble accablé du poids de mes bienfaits ;
Son âme est inquiète, et n’est point attendrie.
Atide, il me parlait des lois de sa patrie.
Il est tranquille assez, maître assez de ses vœux
Pour voir en ma présence un obstacle à nos feux.
Ma tendresse un moment s’est sentie alarmée.
Chère Atide, est-ce ainsi que je dois être aimée ?
Après ce que j’ai fait, après ma fuite, hélas !…
Atide, il me trahit, s’il ne m’adore pas ;
Si de quelque intérêt son âme est occupée.
Si je n’y suis pas seule, Atide, il m’a trompée.


Scène II

ZULIME, ATIDE, IDAMORE.
zulime.

Madame, votre père appelle ses soldats :
Résolvez votre fuite, et ne différez pas.
Déjà quelques guerriers, qui devaient vous défendre.