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UN DES SUIVANTS DE BACCHUS
La Gloire est en ces lieux le seul dieu qu'on adore ;
Elle doit aujourd'hui placer sur ses autels
Le plus auguste des mortels.
Le vainqueur bienfaisant des peuples de l'aurore
Aura ces honneurs solennels.

ERIGONE.
Un si brillant hommage
Ne se refuse pas.
L'Amour seul me guidait sur cet heureux rivage ;
Mais on peut détourner ses pas
Quand la Gloire est sur le passage.

(Ensemble.)

La Gloire est une vaine erreur ;
Mais avec vous, c'est le bonheur suprême :
C'est vous que j'aime,
C'est vous qui remplissez mon coeur.

BACCHUS
Le temple s'ouvre,
La Gloire se découvre.
L'objet de mon ardeur y sera couronné ;
Suivez-moi.

(Le temple de la Gloire paraît ouvert.)

LE GRAND PRETRE DE LA GLOIRE
Téméraire, arrête ;
Ce laurier serait profané
S'il avait couronné ta tête.
Bacchus, qu'on célèbre en tous lieux,
N'a point ici la préférence ;
Il est une vaste distance
Entre les noms connus et les noms glorieux.

ERIGONE
Eh quoi ! des ses présents la Gloire est-elle avare
Pour ses brillants favoris ?

BACCHUS
J'ai versé des bienfaits sur l'univers soumis.
Pour qui sont ces lauriers que votre main prépare ?

LE GRAND PRETRE
Pour des vertus d'un plus haut prix.
Contentez-vous, Bacchus de régner dans vos fêtes,
D'y noyer tous les maux que vos fureurs ont faits.