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Dans mes plaisirs dans mes conquêtes :
Non, je t'adore, et je la hais.
Bannissons la raison de nos brillantes fêtes.

ERIGONE
Conservez-la plutôt pour augmenter vos feux ;
Bannissez seulement le bruit et le ravage :
Si par vous le monde est heureux,
Je vous aimerai davantage.

BACCHUS
Les faibles sentiments offensent mon amour ;
Je veux qu'une éternelle ivresse
De gloire, de grandeur, de plaisirs, de tendresse,
Règne sur mes sens tour à tour.

ERIGONE
Vous alarmez mon coeur ; il tremble de se rendre ;
De vos emportements, il est épouvanté :
Il serait plus transporté,
Si le vôtre était plus tendre.

BACCHUS
Partagez mes transports divins ;
Sur mon char de victoire, au sein de la mollesse,
Rendez le ciel jaloux ; enchaînez les humains :
Un dieu plus fort que moi nous entraîne et nous presse.
Que le thyrse règne toujours
Dans les plaisirs et dans la guerre ;
Qu'il tienne lieu du tonnerre,
Et des flèches des Amours.

LE CHOEUR
Que le thyrse règne toujours
Dans les plaisirs et dans la guerre ;
Qu'il tienne lieu du tonnerre,
Et des flèches des Amours.

ERIGONE
Quel dieu de mon âme s'empare !
Quel désordre impétueux !
Il trouble mon coeur, il l'égare :
L'amour seul rendrait plus heureux.

BACCHUS.
Mais quel est dans ces lieux ce temple solitaire
A quels dieux est-il consacré ?
Je suis vainqueur, j'ai su vous plaire :
Si Bacchus est connu, Bacchus est adoré.