Les persécutions, le couvent, le voyage ;
J’essuyais même avec gaieté
Ces infortunes de passage.
Vous me faites enfin connaître la douleur,
Tout le reste n’est rien près des peines du cœur ;
Le vrai malheur est son ouvrage.
Je suis accoutumée à dompter le malheur.
Ainsi par vos bontés, sa parente l’épouse.
Il méritait d’autres appas.
Si j’étais son égale, hélas !
Que mon âme ferait jalouse !
Oublions Alamir, ses vertus, ses attraits,
Ce qu’il est, ce qu’il devrait être.
Tout ce qui de mon cœur s’en : presque rendu maître.
Non je ne l’oublierai jamais.
Vous ne l’oublierez point ! vous le cédez !
Sans doute.
Hélas ! que cet effort vous coûte !
Mais ne ferait — il point un effort généreux
Non moins grand, beaucoup plus heureux ?
Celui d’être au — dessus de la grandeur suprême ?
Vous pouvez aujourd’hui disposer de vous-même.
Elever un héros, est-ce vous avilir ?
Est — ce donc par orgueil qu’on aime ?
N’a — t — on que des Rois à choisir ?
Alamir ne l’est pas, mais il est brave et tendre.
Non, le devoir l’emporte, et tel est son pouvoir.
Hélas, gardez-vous bien de prendre
La vanité pour le devoir.
Que résolvez— vous donc ?
Moi ! d’être au désespoir,
D’obéir en pleurant à ma gloire importune,
D’éloigner le héros dont je me sens charmer,