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DEUX GUERRIERS

Tout l’univers doit vous rendre l’Hommage qu’on rend aux Dieux ;
Mais en quels lieux Pouvez— vous attendre
Un hommage plus tendre,
Plus digne de vos yeux ?

LE CHŒUR

Demeurez, présidez à nos fêtes
Que nos cœurs soient vos tendres conquêtes.

(Les acteurs du divertissement rentrent par le même portique. )

Pendant que Constance parle à Léonor, Don Morillo qui est devant elles, leur fait des mines. Et Sanchette qui est alors auprès du Duc de Foix, le tire à part sur le devant du théâtre. )

SANCHETTE

au Duc de Foix.

Écoutez donc, mon cher amant
l’Aubade qu’on me donne étrangement faite,
Je n’ai pas pu danser.
Pourquoi cette trompette ?
Qu’est —ce qu’un Mars, Vénus, des tyrans, des combats,
Et pas un seul mot de Sanchette ?
À cette dame — ci, tout s’adresse en ces lieux.
Cette préférence me touche.

LE DUC DE FOIX

Croyez — moi, taisons — nous ;
l’Amour respectueux
Doit avoir quelquefois son bandeau sur la bouche,
Bien plus encore que sur les yeux.

SANCHETTE

Quel bandeau, quels respects ! ils font bien ennuyeux !

MORILLO, s’avançant vers la Princesse.

Eh bien, que dites — vous de notre sérénade ?
La tante — elle un peu contente de l’aubade ?

LEONOR

Et la tante et la nièce y trouvent mille appas.

LA PRINCESSE

à Léonor.

Qu’est — ce que tout ceci ?
Non, je ne comprends pas
Les contrariétés qui s’offrent à ma vue ;
Cette rusticité du Seigneur du château,
Et ce goût si noble, si beau,
D’une fête si prompte si bien entendue.

MORILLO

Eh bien donc, notre tante approuve mon cadeau.