266 FRAGMENT DE THÉRÈSE.
MATHURINE.
Ah ! les bonnes gens ! les bonnes gens ! Quoi, vous ne m’êtes rien, et vous mç faites des libéralités, tandis que notre cousin Matthieu nous traite avec tant de dureté !
LUBIN.
Ma foi ! c’est vous qu’il faut appeler monseigneur. Vous êtes sans doute queuque gros monsieur du voisinage, queuque grande dame.
DORIMAN.
Non, nous ne sommes que des domestiques ; mais nous pensons comme notre maître doit penser.
MATHURINE.
Ah ! c’est le monde sens dessus dessous.
LUBIN.
Ah ! les braves enfants ! ah ! le vilain cousin !
MATHURINE.
Mes beaux enfants, le ciel vous donnera du bonheur, puisque vous êtes si généreux.
LUBIN.
Ah ! ce n’est pas une raison, Mathurine. Je sommes généreux aussi, et je sommes misérables ; et notre bon seigneur M. le comte de Sambourg était bien le plus digne homme de la terre, et cependant ça a perdu son fils, et ça mourut malheureusement.
MATHURINE.
Oui, hélas ! j’avais nourri mon pauvre nourrisson, et ça me perce l’âme. Mais comment est-ce que mon cousin Matthieu a fait une si grande fortune, qu’il la mérite si peu ! Ah, comme le monde va !
DORIMAN.
Comme il a toujours été. Mais nous n’avons pas le temps d’en dire davantage. Allez, mes chers amis...
LUBIN.
Mais, Mathurine, m’est avis que ce beau monsieur a bien l’air de ce pauvre petit enfant tout nu qui vint gueuser dans notre village à l’âge de sept à huit ans ?
DORIMAN.
Vous avez raison ; c’est moi-même, je n’en rougis point.
MATHURINE,
Trédame î ça a fait sa fortune, et c’est pourtant honnête et bon.
DORIMAN.
C’est apparemment parce que ma fortune est bien médiocre. Je