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ACTE I, SCÈNE III. 863

M. GRIPAUD.

Ah ! boDJour, monsieur Germon, bonjour. Qu’y a-t-il de nouveau ? venez-vous de la chasse ? avez-vous lu les gazettes ? quelle heure est-il ? comment vous va ?

GERMON, bag.

Monsieur, souffrez qu’en vous faisant ma cour, j’aie encore l’honneur de vous représenter l’état cruel où je suis, et le besoin que j’ai de votre secours.

M. GRIPAUD, astis.

Oui, oui, faites-moi votre cour, mais ne me représentez rien, je vous prie. Eh bien, Thérèse ?

MADAME AUBONNE, de l’autre côté.

Ah ! pouvez-vous bien traiter ainsi un pauvre gentilhomme d’importance, qui dîne tous les jours avec le secrétaire de monsieur l’intendant ?

GERMON.

Vous savez, monsieur, que, depuis la dernière guerre où les ennemis brûlèrent mes granges *, je suis réduit à cultiver de mes mains une partie de l’héritage de mes ancêtres.

M. GRIPAUD.

Eh I il n’y a qu’à le bien cultiver, il produira.

GERMON.

Je me suis flatté que si vous pouviez me prêter...

M. GRIPAUD.

Nous parlerons de ça, mons Germon, nous verrons ça. Ça m’importune à présent. Que dis-tu de ça, Thérèse ?

THÉRÈSE.

J’ose dire, monsieur, si vous m’en donnez la permission, que la générosité me parait la première des vertus ; que la naissance de M. Germon mérite bien des égards ; son état, de la compassion ; et sa personne, de l’estime.

M. GRIPAUD.

Ouais, je n’aime point qu’on estime tant M. Germon, tout vieux qu’il est.

i. On trouve, en cet endroit du manuscrit autographe de Voltaire, ces mots rayés : et m’enlevèrent ma fille. On pourrait, ce semble, en inférer que, dans la suite de la pièce, Thérèse se trouve être cette fille de Germon, enlevée sans doute en bas âge ; et que l’auteur les a retranchés dans le commencement de la pièce pour qu*on ne pressentit pas aussitôt le dénoûment. (Note de Decroix.)