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Je l'ai conduit, seize ans, de retraite en retraite ;
J'ai pris pour me cacher le nom de Polyclète ;
Et lorsqu'en arrivant je l'arrache à vos coups,
Polyphonte est son maître et devient votre époux !

Mérope 

Ah ! Tout mon sang se glace à ce récit horrible.

Euryclès

On vient : c'est Polyphonte.

Mérope

Ô dieux ! Est-il possible ?

À Narbas.

Va, dérobe surtout ta vue à sa fureur.

Narbas

Hélas ! Si votre fils est cher à votre coeur,
Avec son assassin dissimulez, madame.

Euryclès 

Renfermons ce secret dans le fond de notre âme.
Un seul mot peut le perdre.

Mérope, à Euryclès

Ah ! Cours ; et que tes yeux
Veillent sur ce dépôt si cher, si précieux.

Euryclès

N'en doutez point.

Mérope

Hélas ! J'espère en ta prudence :
C'est mon fils, c'est ton roi. Dieux ! Ce monstre s'avance.


Scène VI

Mérope, Polyphonte, Érox, Isménie, suite.

POLYPHONTE 

Le trône vous attend, et les autels sont prêts ;
L'hymen qui va nous joindre unit nos intérêts.
Comme roi, comme époux, le devoir me commande
Que je venge le meurtre, et que je vous défende.
Deux complices déjà, par mon ordre saisis, 
Vont payer de leur sang le sang de votre fils.
Mais, malgré tous mes soins, votre lente vengeance
A bien mal secondé ma prompte vigilance :
J'avais à votre bras remis cet assassin ;