Rappelez votre force à ce dernier outrage.
Mérope
Je n'en ai plus ; les maux ont lassé mon courage :
Mais n'importe ; parlez.
Euryclès
C'en est fait ; et le sort...
Je ne puis achever.
Mérope
Quoi ! Mon fils ? ...
Euryclès
Il est mort.
Il est trop vrai : déjà cette horrible nouvelle
Consterne vos amis, et glace tout leur zèle.
Mérope
Mon fils est mort !
Isménie
Ô dieux !
Euryclès
D'indignes assassins
Des piéges de la mort ont semé les chemins.
Le crime est consommé.
Mérope
Quoi ! Ce jour, que j'abhorre,
Ce soleil luit pour moi ! Mérope vit encore !
Il n'est plus ! Quelles mains ont déchiré son flanc ?
Quel monstre a répandu les restes de mon sang ?
Euryclès
Hélas ! Cet étranger, ce séducteur impie,
Dont vous-même admiriez la vertu poursuivie,
Pour qui tant de pitié naissait dans votre sein,
Lui que vous protégiez ! ...
Mérope
Ce monstre est l'assassin ?
Euryclès
Oui, madame : on en a des preuves trop certaines ;
On vient de découvrir, de mettre dans les chaînes,
Deux de ses compagnons, qui, cachés parmi nous,
Cherchaient encore Narbas échappé de leurs coups.
Celui qui sur Égisthe a mis ses mains hardies
A pris de votre fils les dépouilles chéries,
L'armure que Narbas emporta de ces lieux :
On apporte cette armure dans le fond du théâtre.