Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome04.djvu/21

Cette page n’a pas encore été corrigée
17
ACTE I, SCÈNE III.

Ramire va presser ce départ nécessaire :
L’ordre dépend de lui ; tout est entre ses mains ;
Souverain de mon âme, il Test de mes deslins.
Que fait-il ? Est-ce vous, est-ce moi qu’il évite ?

atide.

Le voici... Ciel, témoin du trouble qui m’agite.
Ciel, renferme à jamais dans ce sein malheureux
Le funeste secret qui nous perdrait tous deux I


Scène III

ZULIME, ATIDE, RAMIRE.
ramire.

Madame, enfin des cieux la clémence suprême
Semble en notre défense agir comme vous-même ;
Et les mers et les vents, secondant vos bontés,
Vont nous conduire aux bords si longtemps souhaités.
Valence, de ma race autrefois l’héritage,
A vos pieds plus qu’aux miens portera son hommage.
Madame, Atide et moi, libres par vos secours.
Nous sommes vos sujets, nous le serons toujours.
Quoi ! vos yeux à ma voix répondent par des larmes I

zulime.

Et pouvez-vous penser que je sois sans alarmes ?
L’amour veut que je parte, il lui faut obéir :
Vous savez qui je quitte, et qui j’ai pu trahir.
J’ai mis entre vos mains ma fortune, ma vie ;
Ma gloire encor plus chère, et que je sacrifie.
Je dépends de vous seul... Ah ! prince, avant ce jour.
Plus d’un cœur a gémi d’écouter trop d’amour ;
Plus d’une amante, hélas ! cruellement séduite,
A pleuré vainement sa faiblesse et sa fuite.

ramire.

Je ne condamne point de si justes terreurs.
Vous faites tout pour nous ; oui, madame, et nos cœurs
N’ont, pour vous rassurer dans votre défiance,
Qu’un hommage inutile, et beaucoup d’espérance.
Esclave auprès de vous, mes yeux à peine ouverts
Ont connu vos grandeurs, ma misère, et des fers ;