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AVERTISSEMENT.

RÉPONSE DE M. DE VOLTAIRE. 497

Je ne vous le dissimulerai pas : je trouve que M. Maffei a mis plus d’art que moi dans la manière dont il s’y prend pour faire penser à Mérope que son fils est l’assassin de son fils même. Je n’ai pu me servir «omme lui d’un anneau, parce que, depuis l’anneau royal dont Boileau se moque dans ses Satires*, cela semblerait trop petit sur notre théâtre. Il faut se plier aux usages de son siècle et de sa nation : mais, par cette raison-là même, il ne faut pas condamner légèrement les nations étrangères.

Ni M. Maffei ni moi n’exposons des motifs bien nécessaires pour que le tyran Polyphonte veuille absolument épouser Mérope. C’est peut-être là un défaut du sujet ; mais je vous avoue que je crois qu’un tel défaut est fort léger quand l’intérêt qu’il produit est considérable. Le grand point est d’émouvoir et de faire verser des h larmes. On a pleuré à Vérone et à Paris : voilà une grande réponse aux critiques. On ne peut être parfait ; mais qu’il est beau de toucher avec ses imperfections î II est vrai qu’on pardonne beaucoup de choses en Italie qu’on ne passerait pas en France : premièrement, parce que les goûts, les bienséances, les théâtres, n’y sont pas les mêmes ; secondement, parce que les Italiens, n’ayant point de ville où l’on représente tous les jours des pièces dramatiques, ne peuvent être aussi exercés que nous en ce genre. Le beau monstre de l’opéra étouffe chez eux Melpomène ; et il y a tant de castrati qu’il n’y a plus de place pour les Ésopus et les Roscius. Mais si jamais les Italiens avaient un théâtre régulier, je crois qu’ils iraient plus loin que nous. Leurs théâtres sont mieux entendus ; leur langue, plus maniable ; leurs vers blancs, plus aisés à faire ; leur nation, plus sensible. Il leur manque l’encouragement, l’abondance, et la paix, etc. *

i-. Satire UI, ?er8 196.

2. De toute cette correspondance, dit malicieusement Lessing, il nous mancpie la pièce la plus intéressante, c^est la réponse de M. Maffei à Voltaire. (G. A.)

Le marquis Maffei a imprimé sa réponse à la dédicace de Voltaire dans Tédition de sa Mérope publiée à Vérone en 1745. Le seul obstacle qui s*oppose à ce qu*elle soit reproduite ici, c*est son étendue. On la trouvera traduite en français dans la traduction de la Dramaturgie de Hambourg, publiée à Paris en 1785. — Elle y occupe les pages 257 à 300 de la première partie.